Une Citoyenne s’exprime : « Nous sommes dans un monde où la morale c’est ringard, dégueulasse.
Il y a le Prôôôgrèèèès (à dire en bêlant comme des ânes)
et la morale, qui vous rappelle forcément des vertus rances et moisies…
Sauf, que tout ne se vaut pas,
et que dans un monde où l’on aime détester la morale, où il est de bon ton de critiquer la moralité, il ne faut pas s’étonner d’arriver à une société du plus fort, où plus rien n’entrave les pulsions des êtres humains que nous sommes… et que l’appât du gain soit sans limite.
La morale est un contre-pouvoir aussi vieux que l’humanité.
Supprimez la morale et vous avez un monde sans foi ni loi :
économiquement, exploiter l’autre jusqu’à la mort n’est plus un problème moral.
Penons l’affaire Ghosn, et référons-nous au salaire d’un de ses prédécesseurs dans un groupe concurrent, à savoir Jacques Calvet, patron dans les années 90 du groupe PSA.
Monsieur Calvet devait gagner chaque mois quelque chose comme 200 ou 300 000 francs,
La morale c’est ce qui fait qu’un pompier pompe pour moins de 2 000 euros par mois !
La morale rejoint par extension l’engagement et le sens de son travail,
et c’est ce qui fait que les gendarmes gendarment, que les pompiers pompent ou que les infirmières soignent, sans oublier les enseignants qui enseignent, pour des salaires allant de 1 500 à 2 000 euros par mois selon l’ancienneté.(dont certains se contenteraient…)
La morale c’est ce qui rend la vie en société plus supportable.
La morale c’est aussi ce qui peut nous unir au lieu d’un individualisme forcené qui nous oppose.
Morale, contre-pouvoir, fiscalité sont autant d’éléments qui permettent d’organiser un ruissellement positif pour la société plutôt qu’une évaporation systématique de tous les profits.
L’une des causes principales de nos maux est « institutionnelle »,
dans la mesure où, pour une large part, nos institutions ont été dévoyées,
notre morale collective a été laminée et détruite, les contre-pouvoirs, annihilés.
De ce fait, les profits s’évaporent, ils fuient, ils s’évadent, fiscalement.
En faisant depuis des années la politique de Bruxelles,
à savoir une politique orientée vers le libre-échange, la consommation de masse (avec des PIB où la consommation représente 70 %)
et bien évidemment la solvabilité des États pour payer les dettes jusqu’à la lie,
on ne fait aucune politique susceptible de fédérer la population.
On nous rapine, et l’on nous demande en plus de trouver cela très bien et d’applaudir des deux mains.
Alors comment fait-on pour éviter le développement de ce capitalisme de connivence ?
Comment définir des contre-pouvoirs efficaces ?
Quel rôle de contrôle permanent pour les citoyens ?
Comment remettre de la morale dans notre éducation et nos comportements ?
Comment concevoir une société plus juste sans qu’elle soit oppressive à l’égard de ceux qui créent et entreprennent ?
Comment encourager le vertueux ?
Comment améliorer nos institutions pour instituer le ruissellement profitable à tous, et éviter l’évaporation nuisible à chacun ?
Comment doit-on utiliser la monnaie ?
Voilà des questions (liste non exhaustive) absentes, mais qui méritent certainement, elles, un véritable grand débat !
Parce que franchement, il ne faut pas se laisser enfermer dans des sujets insignifiants.
Quand on occupe notre temps de cerveau disponible avec des questions superficielles,
on ne parle ni des banques, ni de la monnaie, ni des institutions, ni des contre-pouvoirs, ni de la place des citoyens.
Sur les ronds-points, les gens se parlent à nouveau comme jamais.
Sur les ronds-points, les gens ne consomment plus, au contraire, ils vivent de la manière la plus simple et le plus souvent de la générosité des « autres ».
Personne n’a organisé de « logistique ».
Tout le monde apporte à tous en fonction de ses capacités et des besoins.
C’est assez surprenant et… marquant.
Cela montre le besoin d’humanité et de sens. »
tu as raison à 1000%.
comment peut-on déblatérer que la morale c’est ringard, et circonstance aggravante au milieu des GJ qui ont retrouvé la morale de la fraternité, de la solidarité et de la justice sociale!
ceux qui font fi de la morale sont ceux qui ferment des lits d’hôpitaux sans aucun scrupule,
sont ceux qui ferment les écoles et les maternités sans aucun scrupule,
sont ceux qui ferment les gares et les services publics sans aucun scrupule,
sont ceux qui s’attribuent sans partage les richesses du travail humain sans aucun scrupule,
sont ceux qui interdisent l’accès de la faculté aux bacheliers sans aucun scrupule,
sont ceux qui mutilent des manifestants pacifiques sans aucun scrupule,
sont ceux qui massacrent des populations étrangères sans aucun scrupule,
sont ceux qui ont initiés cette infâme et meurtrière politique migratoire sans aucun scrupule,
etc…
alors oui, tout est bon dans le cochon, mais pas dans le Macron!
La morale, oui, mais quelle morale, et pour quelle fin ?
Albert nous donne un point de départ quand il parle de fraternité, de solidarité, de justice sociale. Malheureusement, la fin de son commentaire remet en cause radicalement ce bon début.
Une petite (re)lecture de « Leur morale et la nôtre » de Trotsky permet de mettre le débat sur de bons rails.
Au chapitre « Des « règles obligatoires de la morale » », il écrit :
« L’homme qui ne veut ni retourner à Moïse, au Christ ou à Mahomet, ni se contenter d’un arlequin éclectique doit reconnaître que la morale est le produit du développement social ; qu’elle n’a rien d’invariable ; qu’elle sert les intérêts de la société ; que ces intérêts sont contradictoires ; que la morale a, plus que toute autre forme d’idéologie, un caractère de classe. »
Il écrit aussi, au chapitre « Jésuitisme et utilitarisme » :
« L’évolutionnisme bourgeois s’arrête, frappé d’impuissance, sur le seuil de la société historique, ne voulant pas admettre que la lutte des classes soit le ressort principal de l’évolution des formes sociales. La morale n’est qu’une des fonctions idéologiques de cette lutte. La classe dominante impose ses fins à la société et l’accoutume à considérer comme immoraux les moyens qui vont à l’encontre de ces fins. Telle est la mission essentielle de la morale officielle. Elle poursuit « le plus grand bonheur possible », non du plus grand nombre, mais d’une minorité sans cesse décroissante. Un semblable régime, fondé sur la seule contrainte, ne durerait pas une semaine. Le ciment de l’éthique lui est indispensable. La fabrication de ce ciment incombe aux théoriciens et aux moralistes petits-bourgeois. Ils peuvent faire jouer toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ; ils ne sont, tout compte fait, que les apôtres de l’esclavage et de la soumission. »
Quand la citoyenne inclut dans sa morale « l’engagement et le sens de son travail », elle se fait apôtre de l’esclavage et de la soumission, car pour moi, le travail au service d’un bourgeois, c’est un esclavage et une soumission.
Les fins de la société bourgeoise, c’est le profit sans limite par l’exploitation du plus grand nombre possibles d’êtres humains.
La fin ultime du prolétariat, dont je fais partie, c’est « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». La morale du prolétariat, ce sont les principes qui lui permettre de parvenir à cette fin.
Les immigrés font partie du prolétariat, ils peuvent même en être la partie la plus combative. Condamner, comme Albert, « l’infâme et meurtrière politique migratoire » c’est se couper non seulement de cette force combative, mais aussi de tout le prolétariat étranger qui voit bien comment ses frères sont traités en France. Prolétariat étranger sans lequel, pourtant, aucune victoire ne sera jamais possible.